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L'Hallux Valgus

1. Introduction :

"L’hallux valgus" est défini comme la déviation latérale du gros orteil par rapport au 1er métatarse. Il peut aussi être accompagné d’une exostose de la tête du 1er méta, ce qui accentue la déformité. Cela touche 30% des femmes et 13% des hommes. (1) C’est la déformation la plus fréquente du pied avec une prévalence estimé à 23% jusqu’à 65 ans et à 35% après les 65 ans (2). 

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Au niveau de l’étiologie de cette pathologie, il semblerait que le fait de porter des chaussures étroites durant la jeunesse ait un impact. On retrouve aussi une prédisposition congénitale ainsi qu’un facteur héréditaire qui pourrait être déterminant selon un ensemble d’articles. C’est une pathologie qui touche beaucoup plus les femmes que les hommes, surement du au port de talons durant la jeunesse qui peut provoquer ou aggraver la pathologie. Mais aussi peut-être à cause de la ménopause et de l’hyperlaxité plus présente chez elles. (1-3)

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Dans les symptômes, nous rencontrons la douleur due aux frottements produit par les déplacements osseux. Cette pathologie peut avoir des conséquences sur la physiologie du pied. Par conflit avec la chaussure, on peut retrouver au niveau de l’exostose une bursite. Nous pouvons alors observer des inflammations. (1-6)

Dans les stades avancés, la diminution de l’appui du 1er orteil a une conséquence sur les autres. Cela peut entrainer des orteils en formes de griffes et un déplacement de la douleur sur tout l’avant-pied à cause de l’augmentation de l’appui sur les autres orteils. Là aussi, les conflits entre orteils peuvent provoquer des inflammations. D’ailleurs cette mauvaise répartition des charges a comme conséquence une charge inadapté sur une articulation qui n’est plus structuré pour l’accueillir. La finalité est la présence d’une douleur mécanique qui peut aussi être inflammatoire. (1-6)

Un symptôme très fréquent et important est le sentiment de honte que peut ressentir le patient par rapport à l’aspect esthétique. Comme la structure du pied est déformé, l’équilibre qui en découle, est diminué. Nous retrouvons alors un trouble de la marche et un risque de chute accru pour les personnes âgées. (1-6)

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Nous finissons cette partie en abordant très rapidement le traitement car on entend souvent dire qu’il est chirurgical. Mais tant que l’Hallux Valgus n’est pas sévère, il est fortement conseillé de suivre un traitement conservateur. (1-10) Car, il faut savoir que le succès de la prise en charge chirurgicale moderne avoisine les 90% de réussite et 5 à 15% de complications. Aussi, le traitement conservateur avant la chirurgie permet d’augmenter les chances de succès. (1)

 

Selon les différents articles, le traitement conservateur est surtout utile au soulagement des symptômes car il n’a qu’une faible influence sur la correction de la déformation. (1-10)

2. Diagnostic :

Le meilleur moyen pour diagnostiquer la gravité d’un hallux valgus est la radiographie. Il permet de mesurer l’angle d’ouverture du pied (angle formé par l’axe longitudinal du 1er métatarsien et l’axe longitudinal du 5e métatarsien) qui est normalement compris entre 20° et 30°. Cela mesure aussi le métatarsus varus qui est l’angle entre le 1er le 2e métatarsien, il ne doit pas excéder 10°. Le valgus du gros orteil se mesure par l’angle formé par le 1er métatarsien et la 1ère phalange du gros orteil. Il est normalement compris entre les 8° et 12°, et oui inutile de s’inquiéter, cette articulation présente une déviation naturelle ! (5)

Cependant ce sont des mesures répétées, avec une exposition aux rayons, un déplacement du patient dans un centre pour faire la radio avec toute l’attente qui va avec. Ce n’est clairement pas le moyen le plus confortable. (11)

Alors l’angle peut se mesurer cliniquement grâce à un goniomètre. L’hallux Valgus est diagnostiqué une fois que l’angle de déformation est supérieur à 15°. Il est considéré faible entre 15 et 20°, modéré entre 20 et 40° et sévère quand on dépasse les 40°. (3)

 

Ou alors une autre alternative est d’utiliser des échelles de classement catégorique (11).  Pour cela il existe l’échelle de Manchester qui fonctionne en faisant des comparaisons avec des photos types. (11-12)

 

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Pour pouvoir évaluer le degré d’affectation de cette pathologie sous un modèle bio-psycho-social, il existe le Foot Health Status Questionnaire for Pain and Function (FHSQ) qui mesure l’état de santé du pied. Ce questionnaire évalue 4 items (13) :

  • Evaluation de la douleur du pied en termes de type de douleur, importance et durée

  • Evaluation du pied en fonction des répercussions sur ses possibilités fonctionnelles

  • Les problèmes liés au chaussage

  • La perception par le sujet de l’état de santé général de ses pieds

 

Pour un diagnostic plus poussé, on peut aussi évaluer la marche et l’équilibre du patient. (13)

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A) pas de déformations, B) Légère déformation, C) moyenne déformation, D) sévère déformation (12)

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3. Traitement :

Nous parlerons ici du traitement conservateur et non celui du post-opératoire.

Tout d’abord, la première chose à faire est de conseiller au patient de ne porter plus que des chaussures larges. Cela n’a pas d’influence sur la progression de la pathologie mais cela réduit la douleur par élimination des frottements. (1-3, 6)Les écarteurs d’orteils pourraient aussi être efficaces pour soulager les douleurs nocturnes. (6)

 

Il existe que peu d'études sur les traitements conservateurs de la déformation de l'hallux valgus. (3) Nous allons donc aborder 2 essais cliniques d'intérêt rencontrés dans la bibliographie scientifique. 

 

Commençons par l’étude que Bayar a réalisé sur un protocole consistant à combiner des exercices du pied avec du taping. (7, 14)

  • Le premier exercice consiste à une abduction passive de l’hallux avec traction de l’articulation métatarso-phalangienne. 

  • Le second exercice est une abduction active du patient. Renforcer ce muscle est très important surtout qu’il est ensuite assisté toute la journée par la pose du tape. Il faut insister dessus. 

  • En dehors des exercices on laisse aux patients un tape comme ceci : Bande d’ancrage de 2cm de largeur sous l’ongle de l’orteil, ancrage de 4cm de largeur au niveau du cou du pied et l’arche. Pose d’une bande coté interne qui relie l’ancrage distal à celui de proximal en remettant dans l’axe l’orteil. On protège le bandage en remettant une bande aux ancrages.

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L’étude a montré après 8 semaines, une diminution efficace de la douleur, une augmentation de la capacité de la marche et une diminution de l’angle de déformation d’environ 5 degrés.  Par contre, comme cette étude a été réalisé sur 20 personnes on ne peut pas affirmer que les résultats trouvés soient universels mais ils encouragent néanmoins à suivre ce protocole. (7, 14)

 

Passons maintenant à l’étude de Jedynak, il a réalisé un traitement à base de thérapie manuelle et de renforcement musculaire. (7, 15)

  • Les mobilisations du pied comprenaient des poussées calcanéennes antérieure, mobilisation talienne postérieure, manipulation naviculaire latérale, mobilisation cunéiforme-1er métatarsien, mobilisation métatarso-phalangienne de l’hallux et mobilisation sésamoïde médiale.

  • Ensuite, les renforcements musculaires comprenaient des contractions isométriques des muscles intrinsèques du pied à la tolérance maximale maintenue pendant 20 secondes (trois répétitions deux fois par jour), contraction isométrique des muscles extrinsèques du pied à la tolérance maximale maintenue pendant 20 secondes (trois répétitions deux fois par jour). Il a choisi de renforcer ces muscles car ce sont les muscles responsables de la stabilisation des os tarses et métatarses. 

  • Il complète ensuite avec des contractions de 5 secondes de concentrique-excentrique de l’abducteur de l’hallux. 

 

Les résultats grâce au FHSQ (une classification de la vidéo diagnostique) ont montré une amélioration des mesures de la douleur et de la fonction du pied entre trois et six mois. Ici aussi, les résultats sont encourageants. (7, 15)

A) pas de déformations, B) Légère déformation, C) moyenne déformation, D) sévère déformation (12)

4. Réflexion Personnelle :

Pour conclure ce thème, j’aimerai que nous pensions à l’aspect psychologique de cette pathologie.

Sachant, qu’un des motifs les plus commun de demande de chirurgie est l’esthétisme à cause de la honte que ça peut procurer, est ce que finalement la démocratisation de cette pathologie ne serait pas la partie du traitement où il y a le plus de progrès à faire !! Rien que le surnom d’ « oignon » est à revoir !!

D’ailleurs au cours des recherches, j’ai pu remarquer que l’état psychologique des patients est rarement pris en compte pour mesurer l’évolution de la rééducation. On peut facilement le constater dans la revue de littérature de Mortka K. et LisiÅ„ski P.  Si cette pathologie était plus connue et que tout le monde avait conscience de son existence, peut-être que cette différence serait considérée comme quelque chose de normale et qu’elle ne provoquerait pas plus de honte qu’un simple doigt tordu. 

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Guilhem Reffle

Références :

  1. Stanekova K, Assal M, Crevoisier X. Traitement de l’hallux valgus basé sur l’évidence. Revue Médicale Suisse. 2017;13:2158‑63.

  2. Wülker, Mittag N F. The Treatment of Hallux Valgus (07.12.2012). Deutsches Ärzteblatt. 2012;109(49):857‑68.

  3. Assal M. Hallux valgus : quel traitement ? - Revue Médicale Suisse. 2005.

  4. Ferrari, J. « Critical review: The assessment and conservative treatment of hallux valgus deformity in healthy adults ». British Journal of Podiatry 9 (novembre 2006): 104‑8.

  5. Plaweski S, Merloz P. Hallux valgus [Internet]. 2004. Disponible sur: http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/corpus/disciplines/ortho/ortho/hp11/leconimprim.pdf

  6. Greffe G. Traitement conservateur [Internet]. Clinique du pied. Disponible sur: http://www.clinique-pied.com/le-pied/traitement-conservateur/

  7. Mortka K, LisiÅ„ski P. Hallux valgus—a case for a physiotherapist or only for a surgeon? Literature review. J Phys Ther Sci. octubre de 2015;27(10):3303-7.

  8. Hurn SE, Vicenzino BT, Smith MD. Non-surgical treatment of hallux valgus: a current practice survey of Australian podiatrists. Journal of Foot and Ankle Research. 4 mai 2016;9(1):16

  9. Fuhrmann RA, Rippel W, Traub A. [Conservative treatment of hallux valgus: What can be achieved with splints and insoles?]. Orthopade. mai 2017;46(5):395‑401. 

  10. My J, Hc J, Ms J, Yj L, Jo K, St L, et al. [Effects of taping therapy on the deformed angle of the foot and pain in hallux valgus patients]. Taehan Kanho Hakhoe Chi. 1 août 2004;34(5):685‑92.

  11. Nix, Sheree, Trevor Russell, Bill Vicenzino, et Michelle Smith. « Validity and Reliability of Hallux Valgus Angle Measured on Digital Photographs ». Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy 42, no 7 (1 juillet 2012): 642‑48.

  12. Menz, H. B., et S. E. Munteanu. « Radiographic validation of the Manchester scale for the classification of hallux valgus deformity ». Rheumatology 44, no 8 (1 août 2005): 1061‑66. 

  13. Haute Autorité de Santé. LE PIED DE LA PERSONNE ÂGÉE : APPROCHE MÉDICALE ET PRISE EN CHARGE DE PÉDICURIE-PODOLOGIE [Internet]. 2005. Disponible sur: https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/pedicurie_podologie_rap.pdf

  14. Bayar B, Erel S, Simsek IE: Les effets du taping et des exercices des pieds sur les patients souffrant d'hallux valgus: une étude préliminaire . Turk J Med Sci , 2011, 41 : 403–409. 

  15. Jedynak T: Traiter l'hallux abducto valgus de manière conservatrice grâce à des techniques de mobilisation des pieds et à une thérapie par l'exercice. Une étude de cas. Podiatry Now , 2009: 12-15.

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