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La Rhizarthrose

1. Introduction:

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Ainsi, la rhizarthrose peut être considérée comme l’atteinte dégénérative du cartilage de l’articulation trapézo-métacarpienne. Parmi les marqueurs de cette pathologie, on trouve une laxité ligamentaire, des formations ostéophytiques et une détérioration des surfaces articulaires. L’étiologie probable de cette pathologie proviendrait de la laxité ligamentaire, d’une compression articulaire ou du manque de contrôle neuromusculaire (1)

Si cette atteinte est connue et fréquemment rencontrée par les thérapeutes (5), elle reste difficile à traiter comme nous allons le voir de suite.

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La rhizarthrose est une arthrose de l’articulation trapézo-métacarpienne, elle touche principalement des femmes ayant plus de 50 ans . C’est une affection touchant principalement la main dominante mais qui a tendance à se bilatéraliser dans le temps (1,2).
Au niveau physiopathologique, cette rhizarthrose (ou Thumb CaropoMetacarpal OsteoArthritis) touche l’articulation trapézo-métacarpienne. Cette articulation en selle se caractérise par un inversement de sa conformation. Ainsi, la trapèze présente une courbure concave dans le plan radio-ulnaire alors que le premier métacarpien présente une concavité dans le plan dorso palmaire (1–3). Ainsi, de par sa conformation osseuse, le squelette ne garantit que peu de congruence. De plus, la capsule articulaire est souvent considérée comme lâche autorisant donc une quantité importante de mouvement accessoire. Si cette dernière est lâche, elle est renforcée par cinq ligaments. Ils ont pour objectif principal de verrouiller l’articulation en fin de course mais ils n’interviennent pas dans la position intermédiaire (3). L’articulation trapézo-métacarpienne est une petite articulation, elle possède cependant un rôle fonctionnel important puisqu’elle intervient dans la pince fine et dans beaucoup de préhensions. Pour arriver à cette fonction, elle peut réaliser des mouvements angulaires simples ou des mouvements angulaires avec rotation. Kapandji (4) parle d’ailleurs d’un cardan.

Articulation Trapèze-M1

2. Diagnostic:

 

Lorsqu’un patient se présente, il possède en général le diagnostic du médecin portant le nom de « rhizarthrose » ou « d’arthrose trapézo-métacarpienne ». Ainsi, il suffit alors au thérapeute d’évaluer cliniquement le patient afin d’obtenir des références qui guideront et permettront d’évaluer la rééducation (dans ce cas-là conservatrice).

 

À l’inverse, lorsqu’un patient se présente en consultation avec une douleur de pouce sans diagnostic associé, il sera important de s’intérersser à la clinique du patient.

Généralement, le patient est une femme (de plus de 40 ans). Elle ressent une douleur localisée à la base du pouce avec des douleurs nocturnes pouvant l’empecher de dormir. La douleur augmente d’ailleurs avec l’opposition du pouce et lors des prises de type « clé » en pouce- index. Elle peut aussi communiquer sa difficulté à tenir des objets : « je n’arrive pas à tenir une bouteille d’eau », « les objets m’échappent », « je ressens moins de force dans la main » (2,3).

 

À l’observation, base du pouce est souvent tuméfiée avec une « bosse », la première commissure est souvent fermée et les muscles thénariens semblent atrophiées en respect au membre controlatéral (sauf dans les atteintes bilatérales). Chez certains patients, des déformations peuvent apparaître : on parle de pouce en Z ou de « pouce adductus ». Ce dernier se caractérise par la fermeture de la commissure et une hyper extension de l’inter phalangienne. Cette déformation signe un stade avancé de développement de la pathologie.

 

D’ailleurs, afin de mieux comprendre l’évolution de la pathologie, la classification radiologique de Eaton (1–3) permet de suivre la variation de cette arthrose. Il est d’ailleurs considéré comme la référence actuelle (6) :

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Touche de 

Piano

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Ensuite, en terme d’évaluation fonctionnelle, le thérapeute pourra utiliser des échelles comme :

  • Le seuil de douleur à la pression (ou Pressure pain Threeshold) : ce seuil correspond à la pression maximale que peut accepter l’articulation avant de déclencher une douleur (1). Pour la mesurer, le thérapeute peut utiliser un algomètre (7).

  • EVA : Une échelle visuelle analogique de la douleur peut aussi être utilisée (1).

  • Quick Dash : forme abrégée du DASH, il se compose de 11 questions et permet d’évaluer la fonction et les symptomes des personnes souffrant de pathologie musculo squelettiques du membre supérieur. Dans les interventions sur les rhizarthroses, il semble que celui-ci soit un bon outils pour suivre l’évolution (8). Le Dash serait plus

    sensible que le Patient-Rated Wrist Evaluation (PRWE) (6)

  • Score AUSCAN : Ce score, apparemment disponible en Français (mais non trouvé), évalue la douleur, la rigidité et la fonctionnalité du pouce en 15 items. Il représente une évaluation intéressante de la main (6).

  • Score de Nelson (disponible en anglais) : Comme le précédent, il évalue la fonction de la main à travers la douleur, la faiblesse ressentie et les fonctions de la main (6).

 

Selon de récentes études, la meilleur option pour le clinicien serait de combiner un questionnaire spécifique à la main (comme le Nelson ou l’AUSCAN), un questionnaire sur la santé générale du patient et des indicateurs cliniques (6).

Après l’observation, il est intéressant de connaître quelques tests permettant de déceler une possible pathologie :

  • La touche de piano : Patient assis, le thérapeute réalise une pression à la partie latérale et inférieure du premier métacarpien afin de repositionner la subluxation. Le test est considéré positif si le métacarpien reprend sa position en fin de manipulation. Il sera important de noter la douleur et l’amplitude de mouvement (3).

  • Le « Grinding test » : Patient assis, le thérapeute saisit d’une main la base du métacarpien tandis qu’il stabilise la zone péritrapézienne. Il réalise une compression du métacarpien auquel il ajoute des mouvements de rotations. Le test est considérée

    positif en cas de laxité trop importante ou de douleur (3).

  • Le « pinch » : Test plus fonctionnel, il a pour objectif d’évaluer la force de la pince

    pouce-index. Il faudra donc noter l’intensité de douleur et la force développées par ce test tout en notant une possible augmentation de la subluxation du premier métacarpien. On pourra utiliser un appareil de type « Jamar » ou de « Gauge » (1,3).

Griding Test

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3. Traitement Conservateur :

 

Afin d’aborder au mieux cette pathologie, le thérapeute devra se fixer quelques objectifs comme: limiter les douleurs, entrenir les mobilités, mobiliser et corriger la trapézo- métacarpienne, mettre en place une orthèse de repos, diminuer les contraintes sur l’articulation en répondant aux demandes du patient.

 

Afin d’atteindre ces objectifs, le thérapeute possède de nombreuses techniques. La plupart d’entre elles ont été expérimenté et de récentes revues (1) ont montré l’efficacité des techniques suivantes :

  • Mobilisations de l’articulation (1,9,10) : Les techniques de thérapie manuelle présentent une évidence modérée dans l’amélioration de la douleur à court et moyen terme. Lorsqu’elles sont combinées à des exercices, leur évidence est importante. Parmi ces techniques, on note : les techniques de Kaltenborn, les mobilisations passives articulaires, les mobilisations passives accessoires de Maitland et les mobilisations avec mouvement (ces dernières seront vus plus tard).

    • Le glissement antéro postérieur de Kaltenborn : Le plus classique : Patient assis avec coude à 90° et avant-bras en position neutre, le dos de la main fait face au thérapeute. Le thérapeute saisit l’os métacarpien avec sa main homolatérale afin de réaliser une traction et réalise un glissement antéro-postérieur de faible amplitude. On réalise 3 séries de 10 glissements de chaque (sans douleur) (10).

    • Les mobilisations passives articulaires

    • Les mobilisations passives accessoires : décrites par Maitland’s, c’est une mobilisation oscillatoire dans le but de réduire la douleur et la rigidité. Patient assis avec coude à 90° et avant-bras en position neutre (dos de la main face au thérapeute), le thérapeute saisit d’une main la base du premier métacarpien tandis que la seconde fixe le carpe. Il réalise alors des oscillations à une fréquence de 60 par minutes durant trois minutes. La force utilisée doit être faible en cherchant la limite du mouvement accessoire. Après trois minutes ; le patient repose 1 minute avant de redémarrer. L’exercice est fait 3 fois en tout.

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  • Techniques Neurodynamique (1,9) : Aussi curieux qu’il soit, les techniques neurodynamiques présentes un intérêt dans le traitement de la rhizarthrose. Pour se faire, le patient réalise avec l’aide du thérapeute une mise en tension du nerf médian (ULNT1 = ABD et rotation externe d’épaule, extension de coude (ou flexion), supination, extension du poignet et des doigts avec déviation radiale) suivie d’une mise en tension du nerf radial (ULNT2 ??? = ABD de 30°, rotation interne d’épaule, extension du coude, pronation, flexion de poignet et doigts avec déviation cubitale).

  • Exercices / stabilité dynamique (1,8,9) : Une des principales voies de traitement n’est autre que les exercices. Parmi les exercices proposés, on retrouve principalement des exercices de préhension sans résistance (toucher les différentes articulations interphalangiennes, faire des « O » avec les différents doits et le pouce, écartement des doigts le plus loin (pour ouvrir la première commissure), des pinces avec théraband) (9). Puis, plus récemment, un programme de stabilité dynamique a été décrit (8). Il s’agit d’une succession d’exercices comme : réaliser les oppositions de l’échelle de Kapandji, des tractions de l’articulation, du renforcement du premier interosseux ou par la réalisation de « O » avec pression. Il est important de noter que dans tous les cas, que deux muscles devront être travaillés de manière récurrente : le premier interosseux dorsal et l’opposant du pouce. En effet, ces deux muscles possèdent un rôle important dans la stabilisation de l’articulation en pince (13).

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  • Traitement des trigger points (1,10) : Le traitement des triggers points peut être réalisé par Dry Needling (ponction sèche) ou par compression du point. Généralement, les muscles impliqués sont les suivants : Supinateur, scalènes, brachial, brachio-radial, adducteur et opposant du pouce.

  • Taping (11,12,14) : Si le taping est fréquemment utilisé, des variantes d’applications existent et peuvent se justifier par l’objectif chercher :

    o Tout d’abord, si l’objectif est le relâchement nociceptif avec prolongement des effets de la thérapie manuelle, on peut appliquer un taping de 5cm de la longueur de l’extenseur long du pouce. Patient assis avec coude fléchis à 90° et poignet en position neutre, le taping est appliqué à l’insertion distale avec une tension de 0%et ce tout le long du taping jusqu’à l’insertion musculaire. Un second taping correctif est appliqué au-dessus de la tabatière anatomique (11,12).

    • Dans le cas d’un taping ayant pour but la correction, le patient est dans la même position, le thérapeute réalise deux tapes en spirales (une cubitale et une radiale) depuis la phalange distale du pouce jusqu’au tendon de l’extenseur du pouce auxquelles il applique une faible tension (25-50%). Puis il applique un montage ligamentaire (75-100%) en commençant par le milieu depuis la première commissure jusqu’à la carpo-métarpienne. Ce montage est une alternative en attente d’orthèses ou d’orthèses douloureuses (14).

  • Orthèses (1–3) : Elles constituent surement l’une des armes les plus efficaces contre la progression de la pathologie. Thermoformée ou préfabriqué, on en distingue de divers types comme les orthèses de repos, les orthèses correctives, etc...

  • Éducation du patient : Le patient doit savoir que utiliser des pinces pouces-index sont les plus sollicitantes, qu’il peut utiliser du chaud/froid pour diminuer les douleurs, qu’il existe certaines aides pour réaliser par exemple un tour de clé (1).

  • Laser thérapie : Des études récentes (15) avancent que l’application de laser de classe 4 pourraient améliorer la condition des patients

  • Traitement chirurgical (3) : Finalement, lorsque le traitement conservateur ne fonctionne pas (puisqu’il s’agit comme tout processus arthrosique d’une pathologie dégénérative), l’opération chirurgicale peut être indiquée. De nombreuses possibilités existent actuellement allant de la trapézectomie à la prothèse de type Maïa.

    Selon une revue récente (1), la meilleure pratique possible consiste en : éducation du patient, thérapie manuelle, exercice thérapeutique et orthèses. Ainsi, certaines des techniques vu précédemment sont considérées comme adjuvante.
    D’autres techniques ne sont pas prouvées scientifiquement mais peuvent être utilisées :

  • Physiothérapie antalgique (TENS, fangothérapie)

  • Stimulation électrique transcutanée des muscles thénariens (on peut réaliser le renfort du premier inter osseux et de l’opposant (16)).

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  • MWM (1,11,12) : Les mobilisations avec mouvement décrites par Mulligan semblent adaptées dans le traitement de la rhizarthrose. Afin de la réaliser, le patient est assis avec coude à 90°, avant-bras en prono-supination et dos de main faisant face au thérapeute. Ce dernier place ses deux pouces au niveau de la « bosse » formée par la subluxation du premier métacarpien. Il réduit alors la subluxation existante (en cherchant la position la moins douloureuse). Une fois trouvée, il demande au patient de réaliser 10 flexions/extensions ou abductions/adductions tout en maintenant le glissement. Cette exercice sera réalisé trois fois (sans douleur).

MWM

Interosseux

Opposant du Pouce

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Romain Blanc

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Références :​

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  1. Villafañe JH, Valdes K, Pedersini P, Berjano P. Thumb carpometacarpal osteoarthritis: A musculoskeletal physiotherapy perspective. J Bodyw Mov Ther. 2019 Feb;S1360859219300890.

  2. Quesnot A, Chanussot J-C, Danowski R-G. Rééducation de l’appareil locomoteur. Tome 2, Tome 2,. Issy-les-Moulineaux: Elsevier-Masson; 2011.

  3. Boutan M. Rééducation de la main et du poignet: anatomie fonctionnelle et techniques. 2013.

  4. Kapandji A-I, Tubiana R. Anatomie fonctionnelle 1 : Membres supérieurs. Physiologie de l’appareil locomoteur. 6e édition. Paris: Maloine; 2005. 351 p.

  5. Panchout E, Doury-Panchout F, Launay F, Coulliandre A. Prévalence des pathologies rencontrées en kinésithérapie libérale: un outil pour repenser l’enseignement en kinésithérapie ? Kinésithérapie Rev. 2017 Dec 1;17(192):3–10.

  6. Marks M, Schoones JW, Kolling C, Herren DB, Goldhahn J, Vliet Vlieland TPM. Outcome measures and their measurement properties for trapeziometacarpal osteoarthritis: a systematic literature review. J Hand Surg Eur Vol. 2013 Oct;38(8):822–38.

  7. Fransoo P. L’algomètre de pression. Kinésithérapie Rev. 2009 Nov;9(95):44–7.

  8. O’Brien VH, Giveans MR. Effects of a dynamic stability approach in conservative intervention of the carpometacarpal joint of the thumb: A retrospective study. J Hand Ther. 2013 Jan;26(1):44–52.

  9. Villafañe JH, Cleland JA, Fernández-de-las-Peñas C. The Effectiveness of a Manual Therapy and Exercise Protocol in Patients With Thumb Carpometacarpal Osteoarthritis: A Randomized Controlled Trial. J Orthop Sports Phys Ther. 2013 Apr;43(4):204–13.

  10. Villafañe JH, Herrero P. Conservative treatment of Myofascial Trigger Points and joint mobilization for management in patients with thumb carpometacarpal osteoarthritis. J Hand Ther. 2016 Jan;29(1):89–92.

  11. Villafañe JH, Valdes K. Mobilization with movement and elastic tape application for the conservative management of carpometacarpal joint osteoarthritis. J Hand Ther. 2015 Jan;28(1):82–5.

  12. Villafañe JH, Langford D, Alguacil-Diego IM, Fernández-Carnero J. Management of trapeziometacarpal osteoarthritis pain and dysfunction using mobilization with movement technique in combination with kinesiology tape: a case report. J Chiropr Med. 2013 Jun;12(2):79–86.

  13. Boutan M. Rôle du couple opposant-1er interosseux dorsal dans la stabilité de l’articulation trapézo-métacarpienne : Incidences kinésithérapiques. Ann Kinésithérapie. 2000;

  14. Ilbeygui R, Almosni-Le-Sueur F. Taping: Techniques, effets, applications cliniques. Paris: Elsevier Masson; 2016. 296 p.

  15. Medina-Porqueres I, Cantero-Tellez R. Class IV laser therapy for trapeziometacarpal joint osteoarthritis: Study protocol for a randomized placebo-controlled trial. Physiother Res Int. 2018 Apr;23(2):e1706.

  16. Andreu D. Hypermobilité du pouce gauche chez une violoniste. Kinesither Rev. 2007;

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